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La crise économique qui a suivi la crise sanitaire n’a fait que révéler les contraintes structurelles auxquelles sont confrontées les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) en Tunisie. Ces TPME, qui concentrent près des trois quarts des emplois, représentent le vecteur privilégié pour la relance de l’emploi.

Dans ce contexte, la Banque africaine de développement et l’Organisation internationale du travail ont conjointement mené une étude pour analyser la situation des TPME et de l’emploi afin de proposer des pistes d’intervention. L’étude s’appuie notamment sur une enquête menée en 2020 par la Banque auprès de plus de 2 000 TPME. C’est le fruit d’une collaboration avec la Direction générale des PME du ministère de l’Industrie et le think tank dénommé Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE).

L’étude montre que 65 % des TPME ont connu une réduction considérable de leur chiffre d´affaires. Une entreprise sur cinq a dû fermer, et une sur six a dû réduire sa masse salariale. Cette conjoncture a entraîné, à la fin 2020, la perte de plus de 133 000 emplois en comparaison avec 2019 et une hausse de l’informel.

Les TPME ont été plus vulnérables à la crise parce qu’elles étaient déjà confrontées à des problèmes structurels qui affectaient leur potentiel de croissance et leur contribution au PIB (30 %). Premièrement, les besoins en financement des TPME se chiffrent à hauteur de 16 % du PIB. En second lieu, un accès limité aux marchés régionaux et internationaux s’explique en partie par une faible intégration des TPME (36 %) dans les chaînes de valeur. Finalement, différents facteurs, notamment le faible niveau d’utilisation du numérique, réduisent la productivité du travail au sein des TPME. Ce qui explique en partie qu’une majorité d’entre elles opère dans le secteur informel (70 % des indépendants). Par ailleurs, seuls 11 % des diplômés du supérieur prennent l’initiative d’entreprendre, alors que le marché du travail ne leur propose pas suffisamment d’emplois. La dynamique de création d’entreprise est donc cruciale.  

Force est de constater l’urgence d’une action politique centrée sur le développement des TPME et de l’entrepreneuriat pour relancer l’emploi. Des recommandations ont émergé de cette étude : (i) préserver de la fermeture les TPME économiquement viables, (ii) promouvoir l’investissement privé et l’entrepreneuriat dans les chaînes de valeur à forte intensité de main-d’œuvre, (iii) appuyer l’intégration du secteur informel en conjuguant augmentation de la productivité et renforcement de la protection sociale.